jeudi, mars 29, 2007

De la pertinence de fumer de la drogue et manifester dans le vide

Bonjour mes petits tarsiers*,

J’étais paisiblement affairée à ma sieste de 14h avec les collègues quand soudain nous fûmes réveillées par le brouhaha d’un groupe de jeunes hippies manifestant son désaccord face à un éventuel dégel des frais de scolarité mais encore réclamait-il tout simplement la gratuité scolaire (aberrant, n'est-ce pas?). Déguisés comme le furent jadis leurs parents qui se battaient alors pour des causes beaucoup plus nobles et raisonnables, ces jeunes criaient à la face d’un auditoire visiblement absent (c’est qu’ils fument beaucoup de drogues, ces manifestants) et brandissaient des pancartes portant des mentions absurdes et incongrues telles que « L’école doit être gratuite », «Le gouvernement pue » et « L’éducation n’est que pour les riches ». Évidemment, j’étais très fâchée qu’un groupe aussi insignifiant et d’une aussi faible force d’impact nuise ainsi à notre sommeil tant nécessaire à nous, employées fatiguées de la fonction publique. Une seule idée me vint en tête : les faire passer pour plus cons qu’ils ne le sont déjà. Je pris donc un gros carton et j’inscrivis la première phrase qui me vint à l’esprit: « À bas la pizza aux anchois. ». J’accrochai ma phrase "choc" à un bâton et parti à la recherche d’un sans abri qui dormait plus loin sur l’étage (oui, les sans-abris dorment dans l’université ; où voulez-vous qu’ils aillent?). Je le réveillai brutalement et, en lui tendant un billet de 5$, je lui signifiai « Debout ! Au travail ! ». En grommelant, le vieillard consulta sa montre, sursauta et s’exclama : « Comment ça, au travail ? Il est 14h15, c’est l’heure de la sieste ! ». Je lui dis que oui, c’était l’heure de la sieste, mais qu’exceptionnellement aujourd’hui il ne fallait pas dormir. Je lui tendis la pancarte et lui ordonnai de joindre le groupe de manifestants. En trébuchant et en grognant il se releva et parti rejoindre le groupe. De la fenêtre de mon bureau j’observai la scène avec délectation: je le vis s’intégrer au groupe ; quelques jeunes à peine remarquèrent sa présence ; visiblement on sembla heureux d’avoir un manifestant de plus dans les rangs. Je vis le vieil homme de la rue brandir la pancarte avec une fougue similaire à celle des hippies américains qui, en 1969, manifestèrent face à la maison blanche en opposition à la guerre du Vietnam. Maintenant c’est à voir si une motion de censure sera votée à l’endroit des pizzas aux anchois alors que les frais de scolarité seront pour leur part augmentés. Je pense que si un tel événement se produisait, je continuerais à en rire même en brulant en enfer.

À défaut de m’être reposée aujourd'hui au moins je me suis fortement amusée.

À la prochaine !


Mh

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* Le tarsier est un animal de la taille d'un rat. Il a un crâne rond, des cuisses musclées,des jambes grêles,une longue queue écailleuse et une curieuse face aplatie aux yeux gigantesques (diamètre de 1,5 cm). Il a 34 dents. Il ne peut pas marcher donc il se déplace en sautant.

jeudi, mars 22, 2007

Trop de sensibilisation rend insensible

Bonjour les anchois,

Travailler dans une université est une expérience très particulière. En effet, les différentes facultés qu’on y trouve font que différents mouvements idéologiques se confrontent constamment. C’est très enrichissant et parfois c’est très amusant.

Par exemple, on trouve à la fois des hippies (qui proviennent des programmes tel que sciences humaines, arts et histoire), des frustrés engagés (qui proviennent des programmes tels que sciences politiques), des pincés (ceux de la faculté de droit et de communication), des capitalistes (ceux de la faculté de gestion), des mal-aimés (ceux de sexologie et d’éducation), etc. Au-delà de tout cela existe également des associations étudiantes - les principales étant rattachées à chacune des facultés et des programmes - dont plusieurs sont basées sur des motifs religieux (exemple : Association des musulmans de l’UQAM), des origines ethniques (exemple : Association des Turcs de l’UQAM*), des orientations sexuelles (Association des homosexuels et bisexuels de l’UQAM), etc.

Tout ce beau monde se partage une aire centrale, qu’on trouve à l’entrée de l’université lorsqu’on arrive par le métro. L’aire en question est agrémentée d’une très esthétique statue représentant une paire de testicules**. Donc, l’aire centrale est l’endroit tout indiqué pour échanger des propos, manifester, s’afficher. Et d’ailleurs, on en profite aisément de cet espace ; à chaque semaine doit-on se farcir les kiosques d’une association ou d’un groupe quelconque. Quand ce ne sont pas ceux de l’UQAM, ce sont ceux de l’externe. Par exemple, cette semaine, il y a le salon de l’emploi de la faculté de gestion ; il y aussi la semaine de la santé mentale ; on peut également apercevoir un kiosque qui distribue des tracs en vue d’organiser une manifestation contre le dégel des frais de scolarité. Dans ce bordel se trouvent également des kiosques reliés à la Semaine de la non-violence, kiosques dirigés par un groupe externe qui ramasse des sous pour des motifs plutôt douteux, si vous voulez mon avis. En continuant son chemin on croisera certainement le kiosque sur les problèmes d’alcoolisme et de jeux (d’ailleurs, il n’y a jamais personne à ce kiosque : qui veut s’afficher près d’un kiosque destinés aux alcooliques et à ceux qui parient à l’excès ?). Et puis il y a la nuit de la philosophie dans 2 jours (quoi de plus inutile ?). Tout ceci sans compter les petits kiosques de bijoux, de sucreries et de toutes sortes de bébelles que certaines associations mettent sur pied en vue de ramasser des fonds pour X projet (souvent un voyage au Kérala ou au Bénin). Il y a aussi les conférences, qui sont multiples ; que ce soit sur la situation du Darfour, sur le développement durable ou sur les approches génomiques pour la découverte de nouveaux médicaments antifongiques, aucun sujet n’est négligé, aussi impertinent soit-il. Il y a régulièrement des expositions d’arts des étudiants de la faculté du même nom. Et je vous passe les nombreux colloques qui se tiennent régulièrement à l’UQAM !

Tout ca pour vous dire qu’à l’UQAM nous sommes constamment bombardés d’information de toute sorte et sur tous les sujets inimaginables : du calcul différenciel et intégral combinatoires au Jaïnisme, en passant par la cryptographie, la mort cellulaire par apoptose et l’histoire de la Perse Antique. C’est très riche comme environnement, ca ouvre l’esprit et ca rend bien connaissant ; mais vous savez, trop c’est comme pas assez. J’en ai assez d’être obligée de me sensibiliser quotidiennement à tout ce qui existe sur la terre. À tous les jours je suis confrontée à des visages acharnés qui tentent de me convaincre que leur cause est la plus importante, que leur sujet est le plus crucial pour l’avenir de l’humanité. A chaque soir que je rentre chez moi je me sens mal ou coupable, que ce soit en raison des enfants qui crèvent de faim, des analphabètes, des nappes phréatiques, de la mucoviscidose, du sort de Aung San Suu Kyi ou du développement économique des régions éloignées, pour n’en nommer qu’une infime partie.

Alors un moment donné il est normal qu’une personne aussi empathique et intéressée que moi « pète les plombs ». C’est pourquoi j’ai décidé qu’à mon tour j’allais organiser une semaine de sensibilisation sur quelque chose. Au début je voulais faire une « Semaine du n’importe quoi», mais j’aboutissais trop à ce qui s’offre déjà. Ce sera donc la Semaine de la sensibilisation sur la surcharge de sensibilisation. Au menu, des kiosques qui vont expliquer qu’à force de trop vouloir sensibiliser les gens, qu’à force d’effectuer pression par-dessus pression et qu’à force d’exagération les citoyens finissent pas ne plus être sensibles du tout et les différents groupes de pressions perdent leur crédibilité. Je vais démontrer à l’aide de statistiques très éloquente que les gens, même universitaires, s’en sacrent tu de la varicocèle, du corps à corps entre le paradigme holistique et le paradigme atomiste, des disputes territoriales en République de Chine et de tout le reste.

Grâce à ma riche contribution, les différents groupes de pression pourront corriger leurs tirs et être plus efficaces dans leurs campagnes de levées de fonds pour financer leurs activités. Grâce à moi de nombreux emplois seront maintenus, peut-être créés, et les gens ou animaux ou n’importe quoi dans le besoin auront plus de soutient.

Mon génie ne cesse de m’épater. Je suis vraiment un sac à surprises sans fond.

Mh



*Si vous voulez mon avis il pourrait y avoir également l’association des Têtes de Turcs de l’UQAM, association qui regrouperait des employés, mais bon.

** Eh oui, ceci n’est pas une blague. L’origine de cette statue est curieuse: elle date d’une certaine époque où un enseignant de la faculté des arts s’opposait à la direction sur un propos dont je ne me souviens pas des détails. Il semblerait qu’en bout de ligne on proposait à ce professeur de quitter l’UQAM et que celui-ci ait affirmé qu’il quitterait l’établissement qu’à une seule condition, celle qu’une de ses œuvres d’art soit exposée dans la place centrale et ce, pour une période de quelques décennies. La direction de l’UQAM, ne pouvant imaginer la malveillance du professeur, accepta l’offre. L’affaire fut si sérieuse qu’un contrat fut signé à cet effet entre les deux parties. Quelle ne fut pas la surprise de la direction lorsqu’elle découvrit que l’œuvre en question n’est nulle autre qu’une paire de testicules. Le tout est quand même subtil et ce n’est qu’avec un regard pervers comme le mien qu’on découvre la supercherie. Sinon, on aurait tendance à croire qu’il s’agit d’un gros derrière…

samedi, mars 10, 2007

Dieu que je hais les jaunes!

Bonjour mes oryctéropes*,

Je suis désolée de ne point avoir écrit ces derniers temps. Pourtant, ce ne sont pas les idées qui m’ont manqué; seulement le temps.

Et maintenant que j’ai quelques secondes à vous sacrifier, voilà que mon cerveau n’est motivé que par un seul objectif : celui de révolutionner le monde, rien de moins!

En effet, je pense que tout comme moi vous êtes tannés des bonbons jaunes. À titre d’exemple, j’ai récemment acheté un paquet de Starbust, ces délicieux et délicats bonbons mous à saveur artificielle de fruits. J’aurais bien aimé un paquet uniquement à l’orange, voir aux cerises, mais il n’y en avait pas; j’ai donc dû opter pour le paquet aux fruits mélangés. J’étais très insatisfaite de constater la présence d’un citron illustré sur l’emballage mais je me suis dit « bah! Je n’aurai qu’à les jeter ». Mais juste avant d’ouvrir le sac avec émotion ai-je pensé : « Je parie que 50% des bonbons seront au citron ». Mon expérience de la vie me donna raison : la moitié des satanés bonbons étaient jaunes. Et ce phénomène se retrouve dans toutes les sortes de bonbons inimaginables : les LiveSavers, les Skitles, les Rollers, même les machines à 25 cennes ne sont pas capables de cracher autre chose que des putains de gommes jaunes au goût amer et acidulé. Pourquoi cette obsession du jaune? Je ne connais PERSONNE, MAIS PERSONNE qui aime les bonbons jaunes plus que tout. À preuve, ce sont toujours les jaunes qui sont laissés aux fonds des plats, au fond des sacs. Il me semble que c’est connu! Pourquoi diable les entreprises de bonbons s’archarnent-elles de la sorte sur nous, pauvres consommateurs frustrés? N’ont-il pas comme but ultime de nous rendre heureux? Est-ce un vestige du christianisme qui veut qu’on ne puisse être totalement heureux sans passer par la souffrance? Ou est-ce l’œuvre d’un sadomasochisme tout-puissant?

J’ai en marre des maudits jaunes. ILS SONT PARTOUT! Ils se multiplient comme des lapins, ils poussent comme la mauvaise herbe, et ce bien malgré notre volonté. Il devrait vraiment y avoir une politique pour empecher cette prolifération, pour en interdire la création. C’est à croire qu’ils coutent moins chers à produire!

Mais attendez, je dois quand même apporter une nuance : je n’ai rien contre les jaunes du moment qu’ils goûtent la banane. Mais s’ils goûtent le citron, je ne suis pas capable. Donc chaque fois que je vois un jaune, je me lance quand même dans l’aventure; je dois lui goûter. Rares sont les fois où le jaune goûte la vraie bonne banane traditionnelle; c’est toujours le goût du citron qui revient. J’ai beau m’être claquée des centaines et des centaines de jaunes, je peux compter sur une seule main ceux qui goutaient la banane. MARRE MARRE MARRE!!!

J’ai fait quelques recherches sur le net et il semble que je ne sois pas la seule à vouloir me débarasser des jaunes. En tappant "against yellows" dans Google, j’ai trouvé un site contre la fièvre Jaune, contre les Yellows Jackets (une équipe de basketball féminine), un site de protection contre la rouille jaune; en outre, l’éditeur américain Yellow Book a fait l’objet d’une poursuite, idem pour les Pages Jaunes. Même une fenêtre et un lampadaire noirs se battent contre un mur jaune en stucco**. C’est tout vous dire!

Devant une si flagrante concertation internationale contre les jaunes, j’ai décidé de monter un site pour qu’on puisse tous se réunir en force et faire valoir notre point de vue aux différents États de ce monde. Je vais intituler mon site http://www.allagainsttheyellows.com/. Je vous invite à y contribuer, mes petits. Quand tout sera sur place, je vais m’adresser directement à l’ONU et demander le génocide des jaunes, rien de moins. Je suis très confiante qu’on va m’accorder ce souhait, puisque tout le monde semble d'accord sur ce point.

Alors, n'oubliez pas: tous ensembles contre les jaunes!

A très bientôt,

Mh

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* L'oryctérope, aussi appelé cochon de terre, est un mammifère d’Afrique. Il a le corps d’un cochon avec des oreilles de lapin.

**black lamppost and window against yellow stucco wall: http://www.dreamstime.com/blacklamppostandwindowagainstyellowstuccowall-image1058744