lundi, mars 03, 2008

La grosse arnaque que constitue la littérature

Chers bambins,

Un aspect de moi qui vous étonnera sûrement est que j’adore lire des romans. Quand je tombe sur un bon roman je peux m’isoler de la société pour le dévorer en 2 jours. Toutefois il y a souvent un truc qui m’enrage, c’est cette manie qu’ont les auteurs à se perdre dans des éternelles descriptions qui n’intéressent absolument personne, dans le simple but de pratiquer leur plume.

Voici un exemple pour illustrer mon propos :

"Robert prit avec tendresse une pomme dont la rondeur lui rappelait sa voisine d’enfance, celle à qui il manquait deux dents. D’un rouge vif, la pomme évoqua à son esprit les testicules de son oncle qui, jadis, étaient restés pris dans le piège à rats qui traînait dans l’étable où logeait Guylaine, sa vache préférée. Il porta la pomme délicatement à ses lèvres pour en savourer toute l’essence; ses dents croquèrent la pomme dans un bruit similaire à celui que fait le dos de sa cousine lorsqu'elle subit un traitement chiropratique. Avec beaucoup de joie et d’extase Robert constata que la pomme était juteuse, tel un moustique que l’on écrase après qu’il nous ait piqué. En avalant sa bouchée, il se senti apaisé et prêt à entreprendre avec détermination une seconde bouchée de ce fruit merveilleux, cette fois les yeux fermés pour mieux la savourer, non sans un plaisir mal dissimulé, plein d’aisance et de regrets à la fois, pour ne pas dire triste, duquel on pouvait juger de toute son humilité face aux déboires de la vie."

On pourrait résumer cet ennuyeux paragraphe de cette façon :

"Robert, qui est un pauvre demeuré, mange une pomme."

C’est précisément à CA que je m’attends de nos auteurs prolifiques. Croyez-vous qu’en tant que jeune professionnelle et étudiante qui fait 13 minutes de métro pour se rendre au boulot le matin, j’ai le temps de m’attarder à des détails insipides et sans intérêt? Pour qui ils se prennent, les auteurs, à vouloir camoufler leurs scénarios simplistes derrières des descriptions dont chaque mot est tiré au hasard dans le dictionnaire? Quand je lis un polar je n’ai pas envie de savoir le temps qu’il fait le jour du meurtre ni quels bas porte le tueur. Également, est-ce qu’il y a un seul être humain sur cette terre qui, à chaque geste qu’il pose, effectue une analyse soutenue de son environnement et de ses sensations, en supposant qu’il retire réellement des sensations? NEVER je vous le dis. C’est complètement crétin. À croire que l’éditeur leur a dit « Nous allons vendre votre roman du moment qu'il compte au moins 238 pages ». Je connais le truc, j’ai déjà triché comme ça à l’école dans mes travaux, alors faut pas m’en passer.

Dans la même veine, j’ai déjà lu (enfin presque au complet) « Les oiseaux se cachent pour mourir » et c’est une sacrée brique, laissez-moi vous le dire. Mais cette brique, elle se résume en quelques lignes :

-L’histoire se passe sur plusieurs périodes
-On part d’une famille très pauvre et dont les rapports sont extrêmement malsains
-De génération en génération le même « pattern » se reproduit
-Un prêtre tombe amoureux d’une fille qui elle aussi est en amour avec, mais en raison de son statut ils ne peuvent pas sortir ensemble
-La fille choisi de se marier avec un abruti, qui la traite aussi mal que sa famille
-Elle a un enfant de cet abruti

Pour le reste je n’ai pas été capable de terminer, il y avait trop de descriptions, mais je suis certaine que je pourrais résumer les 200 pages restantes en 2-3 lignes. J’imagine qu’on peut faire la même chose avec Les filles de Caleb et Anne et les pignons verts machin.

C’est ça qu’il manque aujourd’hui : des romans qui vont à l’essentiel. Des romans qu’on peut lire le temps du métro et de l’autobus. Aujourd’hui la population active travaille, a des enfants, suit des cours et est incitée à toutes sortes d’activités; après ça on chiale que les gens sont devenus illettrés, qu’ils ne lisent plus. C’est totalement compréhensible! Imaginez si les livres n’avaient que 10 pages. Tout le monde pourrait se venter d’être un rat de bibliothèque.

Je suis une diplômée en gestion et je peux vous dire que la grande majorité sinon la totalité des romans sont improductifs et incitent à l’oisiveté. En fait l’art en général ne sert plus à rien. Soyez honnête : vous pigez quelque chose, vous, à Picasso? Vous êtes capable d’en dégager une émotion? Arrêtez de mentir, sales pseudos intellos artistes de mes deux. Vous ne me ferez pas croire que vous êtes dotés d’un 3e œil ou d’un 2e coeur.

Alors voilà, ça m’enrage tellement quand je lis une description telle que Robert et sa pomme que....

...que "telle une meute de lion affamée relâchée brutalement dans l’amphithéâtre spacieux de Fréjus dont la date de construction reste encore aujourd’hui à définir, je me jetterais héroïquement et avec détermination sur ma proie que constitue le malheureux mais non moins hypocrite auteur du roman dans le but de lui faire subir les supplices les plus cruels qu’il soit possible d’imaginer, même pour un officier Nazi tel que Mengele, qui effectuait pourtant des expériences particulièrement sadiques sur, entre autres, des cobayes juifs et tziganes, et dont le surnom était « Beppo » ou « ange de la mort », duquel on peut faire une très intéressante analogie toutefois totalement non fondée avec les Rice Krispies, ces céréales au goût très infecte dont on se demande bien comment cela se fait-il qu’il y a encore des gens pour les acheter si ce n’est pour en faire les fameux et délicieux carrés à la guimauve."

Mh